Revoir Renoir

Du vendredi 4 avril au mardi 3 juin 2025

Pour la première fois à l’Institut Lumière : une rétrospective Jean Renoir

« Ce qui est terrible sur cette terre, c’est que tout le monde a ses raisons » dit le personnage d’Octave, incarné par Jean Renoir lui-même, dans La Règle du jeu de… Jean Renoir. Ce dialogue est le plus célèbre des films du cinéaste. Il résume un cinéma qui tente de comprendre tout ce qui meut les êtres humains, et qui, en presque quarante films, a marqué son art, voire l’a changé. Jean Renoir naît en 1894, il est le fils d’Auguste Renoir, peintre d’un certain bonheur, simple, spontané, aux paysages et à l’art de vivre très français. 

Comme son père, Jean Renoir s’intéresse à la représentation du monde par l’image, mais il est un jeune homme moderne, alors pour lui, ce sera l’image animée. Il commence par des films muets avant de s’adapter au parlant avec un égal talent. Renoir observe le monde qui l’entoure, qu’il regarde comme un spectacle auquel il participe. 

Engagé, il dénonce les disparités sociales, les différences de classes qui s’effacent face aux guerres. Chez Renoir, l’humain est un camarade, un être solidaire face à quelques canailles, et autres bourgeois grotesques. Mais le plus beau du cinéma vu par Jean Renoir est finalement quand femmes et hommes se laissent aller au fil de l’eau tels des petits bouchons de liège. 

Renoir revient toujours à la nature, celle de la campagne et ses rivières qui réparent, procurent l’oubli de tous les tracas, au profit de purs instants de vie où les corps et les cœurs s’expriment. Rien que pour cela, le cinéma de Jean Renoir est toujours actuel.
 

Remerciements à Les Acacias, Carlotta Films, Films du Jeudi, Ciné-Archives – fonds audiovisuel du PCF et du mouvement ouvrier, Gaumont, MK2, Tamasa.



Films muets


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La Fille de l’eau

(France, 1924, 1h20, N&B)

Gudule, fille de mariniers, veut échapper à la violence de son oncle Jeff. Un jeune homme pourrait bien l’aider… Les débuts de Jean Renoir et déjà sa fascination pour la vie au bord de l’eau dans un film romanesque qui fait croire à l’amour.
 

Ciné-concert https://h5783.novius.net/storage/file_manager_files/2025/03/nana.png
Nana

(1926, 2h48, N&B)

Enveloppée dans son boa, Nana (Catherine Hessling), courtisane du Paris de la Belle Époque, séduit, provoque et se joue des hommes… Adapté du roman d’Émile Zola, Nana est le portrait d’une femme qui s’amuse du pouvoir avec audace, dans un décor somptueusement décadent.
 

Ciné-concert – Dimanche 20 avril à 14h30 Accompagnement au piano par Didier Martel


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La Petite marchande d’allumettes

(1928, 39min, N&B)

Un soir dans la nuit et la neige, une petite marchande tente de vendre ses allumettes… Adapté du conte d’Hans Christian Andersen, cette histoire se révèle très poétique et politique. Fantaisie tragique et classes sociales, les deux obsessions de Jean Renoir.
 

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Tire-au-flanc

(1928, 1h54, N&B)

Un jeune bourgeois et son valet (Michel Simon) font leur service militaire. Le jeune bourgeois à l’âme d’un poète. Le valet celle d’un génial et naturel tire-au-flanc !…Amusement, joie des décalages de classes sociales, tendresse et surprise de toutes parts dans ce dernier muet de Jean Renoir.
 


Ciné-concert https://h5783.novius.net/storage/file_manager_files/2025/03/bled.png
Le Bled

(1929, 1h44, N&B)

Jackie, jeune héritière que ses cousins veulent voler, et Pierre, qui cherche les faveurs de son oncle riche propriétaire, se rencontrent à leur arrivée à Alger... Ce film de commande pour commémorer le Centenaire de l’Algérie française (1830-1930) offre plusieurs intérêts : des images de l’Algérie dont on voit qu’elle a séduit Renoir, de beaux moments de mise en scène, et une histoire certes classique mais menée avec entrain.
 

Ciné-concert – Dimanche 18 mai à 14h30 Accompagnement au piano par Didier Martel


Films parlants


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On purge bébé

(1931, 52min, N&B)

Follavoine veut faire des affaires, mais alors qu’il va signer un gros contrat, Toto, son fils, est constipé… Renoir n’aurait accepté cette adaptation d’une courte pièce de Georges Feydeau que pour s’initier au parlant avant La Chienne. Cette comédie, portée par Michel Simon et Fernandel, s’appuie sur l’idée toujours formidable de personnages grotesques qui se croient considérables.
 

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La Chienne

(1931, 1h34, N&B)

Un homme mal marié (Michel Simon) tombe sous le charme de Lulu, un peu vulgaire et qui ment tout le temps. Il décide de l’entretenir… La Chienne est une œuvre aussi imprévisible qu’amorale où Jean Renoir filme un monde adulte rongé par l’envie et l’intérêt.
 


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Boudu sauvé des eaux

(1932, 1h33, N&B)

Boudu, un clochard sauvé de la noyade, s’installe chez son sauveur pour se conduire de la pire des façons… Éloge absolu et nonchalant de la liberté la plus mal élevée possible, le film est d’une drôlerie constante, porté par l’interprétation de Michel Simon.
 

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Madame Bovary

(1934, 2h, N&B)

Au XIXe siècle, Emma Bovary, petite bourgeoise provinciale et idéaliste, rêve de grandeurs… Valentine Tessier avec Pierre Renoir et Pierre Larquey sont les héros de cette première, et très fidèle, adaptation cinématographique du roman de Gustave Flaubert.
 


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Toni

(1935, 1h25, N&B)

Dans le sud de la France, Toni, un ouvrier immigré italien, vit un amour total avec Josefa. Ni l’un ni l’autre ne sont pourtant libres… Tourné sur les terres de Pagnol, un film merveilleux où la force intacte et documentaire de la nature le dispute au sentiment amoureux.
 

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Partie de campagne

(1936 – sorti en 1946, 40min, N&B)

Des Parisiens viennent passer une journée à la campagne, au bord d’une rivière… La quête de l’abandon au fil de l’eau douce, la nature qui prend les corps humains pour libérer leurs émotions charnelles occupent pleinement ce chef-d’œuvre absolu, d’une modernité folle, achevé dix ans après sa mise en chantier.
 


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Le Crime de Monsieur Lange

(1936, 1h24, N&B)

Lange fait face à Batala, patron véreux, jusqu’à l’irréparable. Ses anciens employés, organisés en coopérative, se mobilisent… Dans ce film qu’il tourne avant la victoire du Front Populaire, Jean Renoir croit au collectif, à l’utopie d’une société sans hiérarchie sociale et livre une œuvre étonnamment solaire. C’est son unique collaboration avec Jacques Prévert.
 

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La Vie est à nous

film collectif dirigé par Jean Renoir 
(1936, 1h06, N&B)

En 1936, autour d’images d’actualités, trois histoires incarnent les luttes collectives des travailleurs... C’est Aragon qui suggéra le nom de Renoir (après la défection de Carné) pour ce film commandé par le Parti communiste. Renoir, aidé par Jacques Becker et Jean-Paul Le Chanois, livre un document encore aujourd’hui précieux sur la valeur du partage et la puissance de la solidarité.
 


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Les Bas-fonds

(1936, 1h35, N&B)

Des marginaux dans une pension sordide : parmi eux, Pépel le voleur, qui se prend d’amitié pour le Baron ruiné qu’il cherchait à voler… Cette adaptation libre de Gorki (par Charles Spaak et Evgueni Zamiatine, notamment) est une commande qu’accepte Renoir pour s’approcher de Gabin. Il y met tout son art et Jouvet y est magnifique. Récompensé du tout premier Prix Louis Delluc.
 

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La Grande illusion

(1937, 1h53, N&B)

1916. Des prisonniers de guerre français en Allemagne font tout pour s’évader… Le groupe humain solidaire faisant fi des classes sociales, grand thème renoirien, se déploie ici de façon inoubliable. Un classique magnifique du cinéma mondial porté par un trio d’acteurs légendaire (Jean Gabin, Pierre Fresnay, Erich von Stroheim) et une galerie de seconds rôles mémorables (Marcel Dalio, Julien Carette, Sylvain Itkine, etc.).
 


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La Marseillaise

(1938, 2h06, N&B)

En 1789, un groupe de jeunes gens du sud de la France participent à la Révolution… La grande histoire vue par les yeux de la jeunesse enthousiaste et populaire qui s’engage dans une société nouvelle, et la caméra de Jean Renoir en camarade de voyage.
 

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La Bête humaine

(1938, 1h40, N&B)

Jacques Lantier (Jean Gabin), conducteur de locomotive en proie à des pulsions violentes, rencontre une femme mariée irrésistible… Cette tragédie sur un homme qui ne peut se contrôler, mais qui aime les autres, se déploie de façon implacable, passionnante et poignante.
 


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La Règle du jeu

1939, 1h48, N&B)

Partie de chasse chez le Marquis de La Chesnaye, tout le monde s’amuse alors que la guerre approche...  D’une liberté folle et d’une grande tenue littéraire (des échos de Musset, Marivaux, Rostand), un classique du cinéma mondial, film-ballet magnifique qui applique l’adage renoirien qui veut que, dans la vie, « tout le monde a ses raisons » pour agir.
 

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L’Étang tragique

(Swamp Water, 1941, 1h28, N&B, VOSTF)

Le jeune Ben (Dana Andrews) se lie avec un outsider et sa fille, une sauvageonne, dans la Géorgie des marais américains… La nature comme écrin idéal à l’amitié et l’amour, grand thème renoirien, avec au milieu un héros réconfortant, car il ne doute pas de son courage.
 


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L’Homme du Sud

(The Southerner, 1945, 1h32, N&B, VOSTF)

Une famille de journaliers agricoles décide de se mettre à son compte malgré les difficultés qui l’attendent… Jean Renoir filme l’Amérique des travailleurs avec le même sens de la solidarité et de l’amour qui sauve, que dans ses films sociaux français.
 

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Le Journal d’une femme de chambre

(The Diary of a Chambermaid, 1946, 1h26, N&B, VOSTF)

Célestine, femme de chambre, écrit dans son journal sa vie au sein d’une famille aisée entre mesquinerie et emballement… Cette adaptation moqueuse du roman d’Octave Mirbeau est une chorégraphie virevoltante très renoirienne, autour de l’envie de vivre !
 


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Le Fleuve

(The River, 1951, 1h39, coul., VOSTF)

En Inde, la vie d’Anglais expatriés et d’Indiens se déroule tel le fleuve qui immanquablement avance. Un jour, un jeune officier débarque… Avec une grande clarté, Jean Renoir et son fleuve accompagnent ces personnages en proie à des émotions universelles. Version restaurée par la Film Foundation de Martin Scorsese.

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Le Carrosse d’or

(1952, 1h40, coul.)

Au XVIIIe siècle, la comédienne Camilla arrive avec sa troupe et un carrosse d’or… Sur des musiques de Vivaldi, Renoir offre une méditation joyeuse et poétique sur l’art et la vie, vue comme un petit théâtre enchanté où il s’agit de s’amuser pour vivre mieux la réalité. Porté par l’énergie, le charme et l’ironie d’Anna Magnani. 
 


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French Cancan

(1955, 1h37, coul.)

Un directeur de cabaret (Jean Gabin) engage une jeune danseuse (Françoise Arnoul) pour sa nouvelle revue de French Cancan… L’amour mêlé au divertissement, le spectacle pour toutes les classes sociales font de French Cancan une réussite sans temps mort. L’un des rares films français en technicolor, un jaillissement de couleurs et de mouvements.
 

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Elena et les hommes

(1956, 1h35, coul.)

Fin du XIXe siècle, Elena (Ingrid Bergman), belle princesse fauchée, éblouit les hommes autour d’elle… Comment la séduction au sein d’un groupe peut rendre plus belle la vie, pour peu qu’on ne la prenne pas au sérieux, est le beau sujet de cette comédie.
 


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Le Déjeuner sur l’herbe

(1959, 1h32, coul.)

Un scientifique éminent fait la connaissance d’une jeune fille spontanée, au bord de l’eau… Cette comédie romantique typiquement renoirienne met en valeur la beauté initiale de la nature et les corps humains sans défiance se laissant aller au fil de l’eau.
 

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Le Testament du Docteur Cordelier

(1959, 1h35, N&B)

La nuit, le docteur Cordelier se transforme en Opale, un être agressif et dangereux… Inspiré par L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, une comédie fantasque grâce au corps élastique de Jean-Louis Barrault en Opale. 
 


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Le Caporal épinglé

(1962, 1h48, N&B)

En 1940, des prisonniers français d’un stalag font tout pour s’évader… Petit frère de La Grande Illusion, Le Caporal épinglé explore la force de la solidarité humaine au cœur de circonstances exceptionnelles, et de la camaraderie chère à Jean Renoir.