Du 9 janvier au 4 mars 2018
Shirley Clarke (1919-1997) reste une figure incontournable du cinéma indépendant américain, aux côtés de John Cassavetes et de Jonas Mekas. Issue d’une riche famille de la bourgeoisie new-yorkaise, d’abord danseuse et chorégraphe, auteur de plusieurs courts métrages, elle signe son premier long The Connection en 1963. Transgressive, s’attachant aux figures en marge (homosexuels, toxicomanes, musiciens, afro-américains), elle laisse une œuvre resserrée - quatre longs métrages et de nombreux courts - qui brouille les frontières entre documentaire et fiction, témoignage radical sur la culture américaine. Admiré par Kazan et Bergman, son travail a peu à peu été oublié. La restauration et la ressortie de ses films, présentés ici, ainsi qu’une rétrospective récente au Centre Pompidou, permettent de redécouvrir sa trace.
Remerciements aux Films du Camélia.
Au programme :
Me 17/01 à 21h - Ve 26/01 à 21hThe Connection (1961,1h50, N&B et coul)Huit copains attendent leur dealer dans un loft de Greenwich Village. Pour se faire un peu d’argent, ils ont accepté d’être filmés par le documentariste Jim Dunn et son cameraman J.J Burden. Alors qu’ils attendent impatiemment l’héroïne, quatre d’entre eux jouent du jazz tandis que Dunn leur demande de lui raconter des anecdotes personnelles [...] |
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Ve 19/01 à 19h - Ma 30/01 à 19hPortrait of Jason (1967, 1h45, N&B)Portrait of Jason a été tourné une nuit de décembre 1966 dans la chambre qu’occupe alors Shirley Clarke au mythique Chelsea Hotel à New York. Seul face à la caméra, Jason se met en scène, interprète les personnages croisés lors d’une vie qu’il s’est partiellement inventée depuis son enfance et se raconte, une bouteille de scotch et une cigarette à la main [...] |
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Je 15/02 à 19h - Sa 17/02 à 16h30Ornette: Made in America (1985, 1h17, coul et N&B)Après des années d’intense expérimentation vidéo, Shirley Clarke réalise avec Ornette : Made in America, un portrait atypique du musicien Ornette Coleman, monument du jazz et de l’expérimentation musicale [...] |
Shirley Clarke (1919-1997), issue d’une riche famille de la bourgeoisie new-yorkaise, d’abord danseuse et chorégraphe, commence à filmer avec une petite caméra reçue en cadeau de mariage. Après plusieurs courts métrages, notamment dédiés à la danse, elle signe un premier long métrage The Connection, en 1963. Transgressive, s’attachant aux figures en marge de la société (homosexuels, toxicomanes, musiciens, afro-américains), elle s’impose comme l’une des figures incontournables et influentes du cinéma indépendant américain, basé à New York, avec John Cassavetes et Jonas Mekas. En écho aux nouvelles vagues européennes, ces cinéastes tendent à libérer le cinéma américain des normes et des modèles. Signataire du manifeste pour le New American Cinema en 1960 dans la revue Film Culture dirigée par Jonas Mekas, elle fonde avec lui la Film-Makers’ Cooperative, première organisation mondiale de diffusion du cinéma indépendant en 1962 à New-York. Elle signera quatre longs métrages - dont The Cool World, produit par Frederick Wiseman, aujourd’hui invisible – et de nombreux courts métrages. Faisant exploser les limites entre documentaire et fiction, son œuvre s’offre comme un témoignage précieux et radical sur la culture américaine. Admirée par Kazan et Bergman, son influence a été très importante - également dans le domaine de la vidéo. Son travail a néanmoins été peu à peu oublié. La restauration et la ressortie de ses films, présentés ici, et une rétrospective récente au Centre Pompidou ont contribué à raviver son souvenir en France.
> Jonas Mekas à propos de Shirley Clarke, dans un texte rédigé en 1997, peu après la mort de Shirley Clarke, et publié dans Libération :
« Ses films sont personnels, non-hollywoodiens, mais pas forcément d’avant-garde. Ils sont marqués par une sorte de sensibilité humaniste particulière à Shirley, par des improvisations et des hasards intuitifs et contrôlés (une direction que Maya [Deren, autre figure féminine de la scène new yorkaise indépendante] n’aimait pas du tout) et une volonté délibérée d’éviter le formalisme. Même le montage de ses films n’est pas "eisensteinien", mais fait avec intuition et humanisme. Ce même humanisme et l’absence de prétention transparaissent dans tous ses sujets. L’être humain est toujours au premier plan, que ce soit dans Portrait of Jason, Brussels Loops ou Dance in the sun.
Mais ce que je dis là n’est pas vrai. Parce qu’il y avait une autre Shirley Clarke. Il y avait la Shirley de l’abstraction, des images multiples, des surimpositions, des regroupements, des relations (humaines) et collages de hasard. Cette Shirley était celle de la vidéo. Personne ayant appartenu à l’histoire de la vidéo indépendante n’a échappé à l’influence de Shirley. Elle était partout, se jetant dans le hasard et l’imprévisible. Et tout ça était fragile et éphémère, la plupart a complètement disparu… Comme beaucoup de grandes performances, les mythes seuls survivent. Shirley était une partie du mythe. »
> Shirley Clarke par Thomas Sotinel dans Le Monde
> Extrait de Cinéaste de notre temps- Rome brûle d’André S. Labarthe
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